Une Chinoise dans la mondialisation
Le deuxième roman en français d’une romancière et cinéaste iconoclaste.


Déjà traduit dans une vingtaine de langues, le « Petit dictionnaire chinois-anglais » de la Chinoise Xiaolu Guo sort cette semaine en France, inspiré par les quatre années passées par son auteur à Londres, et son apprentissage parfois délicat de la langue anglaise. Son héroïne, Z, consigne dans son journal les nombreux quiproquos, souvent comiques, qui jalonnent sa relation avec son amant britannique. « J’ai essayé d’aimer les hommes.

Au cours des vingt dernières années, je suis sorti avec des hommes », lui confie son amant, après une folle nuit d’amour. « Je pense qu’il est bien d’aimer les hommes », pense alors Z. « Le monde devient mieux ainsi. Mais sortir ou ? ». En creux, l’auteur dresse un portrait acerbe de la mondialisation et des clichés qui régissent les rapports entre l’Asie et l’Occident, des sex toys qui l’effraient, avec leurs notices quasi-médicales, au culte des Londoniens pour la nourriture bio, elle qui adore cuisiner la viande fraîche.

Drôle et engagée
Née il y a 34 ans dans un petit village de pêcheurs, Xiaolu Guo a commencé à publier des poèmes à l’âge de 14 ans. Déjà auteur de trois romans, elle est également cinéaste, diplômée de la National Film School de Pékin en 2003. Primée l’an dernier au festival du film de femmes de Créteil pour son premier long-métrage « How is your fish today », la jeune femme a également tourné un documentaire intitulé « The Concrete Revolution », qui dénonce l’exploitation des paysans chinois par les promoteurs immobiliser qui relookent Pékin en vue des Jeux Olympiques d’été.

« Les autorités n’ont jamais vu mon scénario », sourit Xiaolu. « Critiquer les Jeux, c’est blasphème ! Dès que les gens nous parlaient un peu trop, la police nous poursuivait dans les rues ! ». Depuis six mois, elle est l’une des pensionnaires de la Résidence du Festival de Cannes, une sorte de villa Médicis du Septième art qui accompagne chaque année douze réalisateurs du monde entier dans l’écriture de leur prochain projet. « Les ventes de mes livres permettent de financer mes films », explique la jeune femme. « Car je ne bénéficie ni du soutien du gouvernement chinois qui préfère les films de propagande, ni des aides européennes… car je suis Chinoise ! Un paradoxe de la mondialisaton parmi d’autres. »


Jérome Vermellin, Métro, 13 février 2008


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